La modération a bien meilleur goût

Publié le par Jen

Objet : contrepied de http://nathaliegagnon.blogspot.com/

 


Les téléphones cellulaires traditionnels ne suffisent plus. La mode est maintenant au téléphone intelligent. Aussi appelé smartphone, « [il] est un téléphone portable qui intègre également les fonctions d'un ordinateur de poche. Le Smartphone permet la navigation web, l'enregistrement d'informations, la gestion des e-mails, la lecture des vidéos et l'installation de programmes.» (Dico du Net. 2010. En ligne.) Des exemples de ce type de téléphone sont le BlackBerry, l’IPhone et le Nexus One. À la sortie de ce genre de téléphone portable, l’utilisation était répandue chez les professionnels qui en trouvaient l’utilité comme un mini-ordinateur. Maintenant, le grand public s’y intéresse et l’usage du téléphone intelligent est de plus en plus populaire et divertissant pour certains.


Ma collègue critique, sur son blog, le téléphone intelligent du point de vue des communicateurs et de son utilisation par le marketing mobile (technique de publicité et de vente via les téléphones intelligents). Elle y voit un avenir prometteur pour le marketing et toutes les applications possibles en terme de communication. Comme elle le mentionne, c’est un outil efficace pour rejoindre les publics partout où ils vont puisque le téléphone intelligent est un appareil très intime. Il suit les gens, peu importe leurs déplacements. Cependant, l’envahissement du marketing et «l’esclavage» qu’amène ce petit appareil pour l’utilisateur est le deuxième côté de la médaille.


Je critiquerai le téléphone intelligent du côté du public et du consommateur. Je présenterai donc le contrepied de la critique de ma collègue. J’illustrerai ensuite les faits par un exemple réel de son utilisation pour appuyer mon point de vue.


Bien que le téléphone intelligent soit très pratique lors des déplacements, il faut faire attention à ne pas en devenir dépendant. Avec toutes les applications que l’on peut télécharger pour s’amuser ou pour s’informer, il serait facile de tomber dans l’excès. Mais comme le dit si bien le dicton (ou la publicité), «la modération à bien meilleur goût». «Selon une étude publiée l’année dernière par l’Université de Northampton, en Angleterre, un propriétaire de BlackBerry sur trois a la même attitude qu’un alcoolique face à la bouteille.»(Wordpress. 2010. En ligne).


 

L’usage du smartphone pour le travail n’est qu’accommodant, mais lorsque l’on peut être rejoint partout par téléphone ou par e-mail, même en vacances, ça devient désagréable voir même stressant. Que ce soit pour le téléphone mobile ordinaire ou pour le téléphone intelligent,

«une des principales conséquences de cette nouvelle phase de privatisation par la mobilité est l’évolution du rapport entre vie privée et travail. […] Ainsi, le téléphone portable nous permet de consacrer quelques minutes de notre journée de travail à notre vie personnelle. […] Mais […], les instants éphémères de liberté offerts par le portable viennent alors s’insérer dans un dispositif plus global d’intrusion du travail dans la sphère privée.»(Schiller, 2005. En ligne.)

En bref, ces appareils permettent un peu de vie privé dans le travail et un peu de travail dans la vie privée. Il faut apprendre à se détacher de cette petite bête et à en contrôler son utilisation. De plus, cette machine qui est censée nous faciliter la vie nous demande maintenant un nouveau type de savoir vivre : prioriser la personne en face de nous ou notre gadget? À nous de choisir…


 

Anciennement, les courriels étaient destinés à l’ordinateur de bureau, par la suite à l’ordinateur portable. Être rejoint par courriel nous donnait un certain sursis puisque nous n’étions pas toujours là pour répondre ou, du moins, nous pouvions nous en servir comme prétexte. Maintenant, avec l’avènement des BlackBerry et autres modèles du genre, nous n’avons plus d’excuse. Les courriels viennent à nous et si notre entourage sait que nous possédons un smartphone, nous sommes dans l’obligation d’y répondre dès leur réception. Autant nous nous habituons à ce petit engin, autant les émetteurs s’habituent à nos réponses immédiates. Avec les téléphones intelligents, nous sommes donc en perpétuel contact avec tous ceux quelque peu «branchés».


Avec son arrivée sur le marché grand public, le smartphone dématérialise les contenus et rend démesurées les applications possibles. Lorsque je parle de dématérialisation, je parle de tout ce que nous étions censé trouver dans les livres ou produire nous-mêmes qui se trouve  maintenant sur les magasins d’applications («App») en ligne. Comme ma collègue le mentionne, «Apple, pour son IPhone, a mis en ligne un site appelé AppStore où on [ne] retrouve pas moins de... 115 000 applications différentes et pas toutes gratuites.» (Gagnon. 2010. En ligne) On peut télécharger ces logiciels qui nous donnent accès à la météo, à la circulation, à un GPS, etc. Jusque là tout va bien, c’est lorsqu’on entre dans les phases démesurées, absurdes et inutiles de certains «App» que cela devient ridicule. Sur le site de l’émission La fosse aux lionnes diffusée à Radio-Canada, on peut visionner l’émission du 16 mars 2010 qui traite des applications ridicules que l’on peut télécharger sur notre IPhone telles le IFart (simulation de bruit de flatulence), le ILighter (briquet virtuel) ou le Ibeer (simulation de calage d’une bière).  Les animatrices discutent aussi au sujet de l’application Cover Up qui sert à «maquiller» les bruits indésirables lorsque nous allons aux toilettes. Vous avez le choix entre un son de séchoir, de douche, de rivière, etc.


 


Application Cover UP pour IPhone

 

 

Spécial! Vous me direz. Ils ne savent plus quoi inventer. 


 

Mise à part les applications disponibles pour l’IPhone, le téléphone intelligent est une mine d’or pour les communicateurs. Mais qu’en pensent les utilisateurs? Recevoir à tout bout de champ des publicités, encore une fois partout où nous allons, ne risque-t-il pas d’en ennuyer plus d’un au risque de ne plus pouvoir les rejoindre de cette façon. Dans ce cas, il est possible d’appliquer aussi aux communicateurs l’expression que j’aime bien: «la modération à bien meilleure goût». Comme le dit Michel Volle,

«l’informatique nous a bombardés d'innovations depuis cinquante ans. Une fatigue se fait sentir : nous avons besoin de souffler, d'assimiler ces possibilités nouvelles, […]. Il ne faut pas emboucher la trompette de l'informatique. […] il faut adopter la démarche plus douce, plus personnelle, plus facile à comprendre de la téléphonie.»(2006. En ligne.)

Si nous bombardons les utilisateurs de publicités, ils ne feront que l’effacer et ne plus tenir compte d’aucune technique de marketing mobile, à la grande peine des communicateurs. Un petit conseil, laissez les utilisateurs respirer un peu, sinon ils fuiront. Gare à nous, communicateurs de ce monde.


 

D’un autre côté, l’accès à l’information est facilité par le téléphone intelligent. Cependant, cette accessibilité que nous pensions très intéressante via les smartphone semble plutôt être néfaste selon Donald E. Whitmore, fondateur du Productivity Institute : «S'ils croient faire la promotion d'une nouvelle forme de travail plus productive, plusieurs font en réalité le contraire» (McKenna, 2005. La Presse. En ligne.) L’infobésité, dépendance excessive aux technologies d’information et de communication (TIC), amènerait un sérieux manque de productivité au travail. Une enquête réalisée par  la Productivity Institute a permis au Centre francophone d'information des entreprises (CEFRIO) de publier un texte expliquant les résultats.

« […] un employé de bureau est dérangé à intervalles moyens de huit minutes, soit entre 50 à 60 fois par jour. Ces interruptions de travail durent environ cinq minutes, et quatre fois sur cinq, elles ne sont d'aucun apport au travail de l'employé. Résultat: trois heures de travail perdues, chaque jour, par les gens souffrant d'infobésité. C'est un sérieux obstacle à l'accroissement de la productivité promis par l'avènement des TIC!»(McKenna, 2005.La Presse. En ligne)


 

Une brève parenthèse est de mise au sujet de la sécurité d’utilisation. Comme le mentionne la vidéo suivante, vous n’êtes pas à l’abri des personnes malveillantes. Si vous perdez ou oubliez votre IPhone quelque part, vous pourriez voir votre compte de téléphone grimper malgré l’accès limité par votre mot de passe. Regardez bien!

 

 

 


Voici comment téléphoner en contournant le mot de passe.

 

 


Le festival Igloofest au Vieux-Port de Montréal est un exemple de l’utilisation des téléphones intelligents dans le domaine des communications. « Pour cette édition, les organisateurs offraient un logiciel gratuit pour cellulaire et baladeur qui proposait toutes les infos essentielles aux festivaliers y compris horaires, biographie des invités, liens vers leurs sites et même une section pour suivre les messages publiés sur Twitter concernant l'événement.» (Guglielminetti, 2010. Le Devoir. En ligne) Ceci est une initiative intelligente mais non démocratique puisque l’accès à certaines informations n’étaient dédiées qu’aux «mobilenautes». Un deuxième exemple est celui de la BBC qui retarde le lancement de son application pour téléphone intelligent servant à faciliter l’accès à de l’information sportive et à caractère général. «En gros, l’argument [de la Newspaper Publishers Associations (NPA)] avance que la diffusion gratuite d’information par la BBC sur les plates-formes mobiles minent d’avance la tentative des journaux de mettre en place des services payants.»(Baillargeon, 2010. Carnet du Devoir. En ligne.) Les applications pour smartphones sont d’autres difficultés à surmonter pour les propriétaires de journaux en ligne qui tentent déjà de trouver une façon de rattraper la chute des revenus des journaux papier.


Ces téléphones intelligents tant convoités en font rêver plus d’un qui n’ont pas les moyens de se les procurer. Le prix de l’IPhone 3G de 32G et avec un abonnement de 3 ans revient à environ 300$. Mais ce n’est pas tout, il requiert un forfait de données et un forfait voix, totalisant au moins 50$/mois. Si on calcule bien, avoir un IPhone coûte au moins 800$ la première année. Ce n’est pas donné! La fracture numérique se fait donc sentir. Ce n’est pas monsieur et madame tout-le-monde qui peuvent en profiter. Avec cette fracture numérique marquée, les professionnels de la communication sont loin de profiter pleinement du marketing mobile et des avantages pour les annonceurs qui voient un avenir prometteur dans le téléphone intelligent. À quand le numérique accessible à tous?

 


 

Bibliographie


 

Agence France-Presse. 2010. «Le téléphone-qui-peut-tout, et accessoirement téléphoner». Cyberpresse. En ligne. 4 mars. URL : http://technaute.cyberpresse.ca/nouvelles/telecoms-et-mobilite/201003/04/01-4257303-le-telephone-qui-peut-tout-et-accessoirement-telephoner.php. Consulté le 5 avril 2010.


Baillargeon, Stéphane. 2010. «La BBC stagne sur le mobile». Carnet du Devoir. 5 avril. En ligne.URL :http://carnetsdudevoir.com/index.php/sismographe/textes/la_bbc_stagne_sur_le_mobile/. Consulté le 5 avril 2010.


Deglise, Fabien. 2009. «L’"app", application pour téléphone intelligent». Le Devoir. En ligne. 31 décembre. URL : http://www.ledevoir.com/societe/science-et-technologie/280292/l-app-application-pour-telephone-intelligent. Consulté le 5 avril 2010.


Dico du net. En ligne. URL : http://www.dicodunet.com/definitions/multimedia/telephone-intelligent.htm. Consulté le 5 avril 2010.


Dumas, Ève. 2009. «Génération C : arrêtons d’avoir peur!». La Presse. En ligne. 23 octobre. URL : http://www.cyberpresse.ca/vivre/societe/200910/23/01-914402-generation-c-arretons-davoir-peur.php. Consulté le 5 avril 2010.


Guglielminetti, Bruno. 2010. «Technologies- Les applications pour téléphones intelligents ont le vent dans les voiles». Le Devoir. En ligne. 1er février. URL :   http://www.ledevoir.com/societe/science-et-technologie/282186/technologie-les-applications-pour-telephones-intelligents-ont-le-vent-dans-les-voiles. Consulté le 5 avril 2010.


 

Jmbru3. 2010. «La dependence aux telephones intelligents et à internet».WordPress. En ligne. 3 mars. URL : http://telephoneintelligent.wordpress.com/2010/03/03/la-dependance-aux-telephones-intelligents-et-a-internet/. Consulté le 5 avril 2010.


Johnson, Maxime. 2010. « Mon téléphone doit-il être intelligent?». Jobboom. En ligne. Mars. URL :http://carriere.jobboom.com/marche-travail/tendances/2010/03/03/13093381-jm.html. Consulté le 5 avril 2010.


McKenna, Alain. 2005. «Gare à l’"infobésité"!». La Presse. En ligne. 30 novembre. URL : http://technaute.cyberpresse.ca/nouvelles/200511/30/01-16609-gare-a-linfobesite.php. Consulté le 5 avril 2010.  


Naffati, Welid. 2009. «Tunisie: Circulaie contre les telephones intelligents». Tekiano. En ligne. 23 décembre. URL : http://www.tekiano.com/phone/mobiles/1-2-1528/tunisie-circulaire-contre-les-telephones-intelligents.html. Consulté le 5 avril 2010


Schiller, Dan. 2005. «Esclaves volontaires du téléphone portable». Le Monde diplomatique. En ligne. Février. URL : http://www.monde-diplomatique.fr/2005/02/SCHILLER/11911. Consulté le 5 avril 2010.


Sybill. 2008. «Comment ne plus être accro à son téléphone portable?». Comment fait-on. En ligne. URL : http://www.commentfaiton.com/fiche/voir/33847/comment-ne-plus-etre-accro-a-son-telephone-portable. Consulté le 5 avril 2010.


Volle, Michel. 2002. Marketing des NTIC : Prospective. En ligne. 27 octobre. URL : http://www.volle.com/travaux/marketingntic.htm. Consulté le 5 avril 2010.  


You Tube. 2008. «iPhone: le mot de passé toujours pas corrigé, suite!» Vidéo en ligne. 15 septembre.URL :http://www.youtube.com/watch?v=tp2T3BqYY8U&feature=related. Consulté le 5 avril 2010.


You Tube. 2009. «Coverup app for iphone». Vidéo en ligne. 16 novembre. URL : http://www.youtube.com/watch?v=iyDbhNTDQQw&feature=player_embedded. Consulté le 5 avril 2010.


Publié dans mini-essai 2

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